Chapitre III

On dit parfois que, dans la vie, il faut savoir relativiser. C’est un mot savant qui signifie : « se consoler des ennuis présents en les comparant à des ennuis plus graves – ceux du passé ou ceux d’autrui ». Par exemple, si vous êtes affligé d’un affreux bouton sur le nez, regardez-vous dans le miroir et dites-vous : « Bah ! c’est tout de même moins grave que de se faire dévorer par un ours. »

Ici, on voit tout de suite les limites de la méthode : il est dur de se concentrer sur quelqu’un qui se fait dévorer par un ours lorsqu’on est face à son reflet avec un affreux bouton sur le nez. Relativiser n’est pas aussi simple. C’est ce que découvrirent les enfants Baudelaire dès le début de leur séjour chez tante Agrippine.

Le matin, au petit déjeuner (citronnade et pain non grillé), Violette se répétait : « Allons ! au moins nous n’avons pas à cuisiner pour le comte Olaf et son odieuse troupe de théâtre[1]. » L’après-midi, à l’heure de la grammaire (tante Agrippine y tenait beaucoup), Klaus songeait : « Allons ! au moins le comte Olaf n’est pas là pour nous traîner au Pérou[2]. » Et le soir, face au dîner (soupe glacée au pain trempé), Prunille se disait « Zohix ! », ce qui signifiait, en gros : « Allons ! au moins le comte Olaf n’a toujours pas montré le bout de son nez. »

Mais ils avaient beau se rappeler avoir connu vingt fois pire, les enfants n’en trouvaient pas moins leurs journées bien imparfaites. À ses moments perdus, Violette démontait et remontait le petit train, dans l’espoir d’inventer un chauffe-plat ; mais combien elle aurait préféré voir tante Agrippine allumer le fourneau ! À ses moments perdus, Klaus s’enfonçait dans un fauteuil de la bibliothèque et lisait un traité d’orthographe ; mais combien il aurait préféré être encore chez l’oncle Monty, au milieu de ses reptiles ! À ses moments perdus, Prunille se faisait les dents sur Penny Jolie ; mais combien elle aurait préféré être encore un bébé choyé, sous le toit qui l’avait vue naître !

Tante Agrippine ne sortait guère : tant de choses lui faisaient peur, dans le vaste monde ! Pourtant, lorsque les enfants lui parlèrent de l’ouragan Herman annoncé pour la fin de la semaine, aux dires du chauffeur de taxi, elle reconnut que descendre en ville pour un solide approvisionnement était sans doute une sage précaution. Comme elle ne conduisait pas (elle avait la phobie des voitures – une sainte terreur, disait-elle, de s’y retrouver enfermée, toutes portières bloquées), les enfants et elle se mirent en route à pied pour Port-Damoclès, tout en bas de la rue pentue. Le temps d’arriver au marché et les enfants, faute d’entraînement, avaient les jambes en capilotade.

— Vous êtes sûre que vous ne voulez pas nous laisser cuisiner pour vous ? demanda Violette à tante Agrippine qui marchait droit vers des barils de citrons. Chez le comte Olaf, nous avons appris à faire la sauce puttanesca. C’est très facile et absolument sans danger.

— Non, non, refusa tante Agrippine. J’ai dit que je vous prenais en charge, c’est à moi de faire la cuisine. D’ailleurs, j’ai très envie d’essayer cette nouvelle recette que j’ai trouvée, la mitonnade froide au citron vert. Mais ce comte Olaf, décidément, a l’air d’un bien méchant homme. Obliger des enfants à s’approcher d’un fourneau !

— Oh ! il nous en a fait voir de dures, confirma Klaus (sans préciser que le fourneau n’avait pas été le pire des maux, durant leur séjour chez le comte). J’en ai encore des cauchemars. Et cet horrible tatouage à la cheville. C’est de ce tatouage dont j’ai le plus horreur.

Tante Agrippine tapota son chignon.

— Klaus, Klaus, dit-elle d’un ton sévère, veille à la grammaire, s’il te plaît. Souviens-toi : on ne dit pas : « C’est de cela dont j’ai horreur. « Dont signifie duquel, de laquelle. De est déjà inclus dedans, inutile de le répéter. C’est une horrible redondance. On dit : « C’est de cela que j’ai horreur » ou « C’est cela dont j’ai horreur. » Comprends-tu ?

— Oui, tante Agrippine, répondit Klaus avec un soupir. Merci de me l’avoir fait remarquer.

— Nikaff ! lança Prunille, ce qui signifiait clairement : « Pas très gentil de faire la leçon à Klaus quand il parle de ce qui le tourneboule. »

— Prunille ! se récria tante Agrippine, rectifiant son chignon derechef. Nikaff est un mot qui n’existe pas. Rappelle-toi ce que nous avons dit sur la nécessité de s’exprimer clairement… Bien, et maintenant, Violette, voudrais-tu aller nous choisir deux ou trois beaux concombres, s’il te plaît ? Je pense refaire de cette soupe glacée que vous avez tant aimée.

Violette gémit intérieurement, frissonnant d’avance à l’idée d’un nouveau dîner réfrigérant, mais elle acquiesça de bonne grâce et s’enfonça dans une allée, en quête de concombres. Malgré elle, ses yeux s’attardaient sur les victuailles qui s’étalaient là, alléchantes en diable mais exigeant toutes un passage à la poêle, à la casserole, au four, au gril – bref, exigeant toutes un fourneau allumé. Oui, ce réchaud miracle à bricoler à partir des pièces du train miniature, il était grand temps de l’inventer !

Tout à ses pensées d’inventrice, Violette ne regardait guère où elle allait, et c’est ainsi qu’elle faillit bien emboutir un passant.

— Oh ! pard… fit-elle, mais elle leva les yeux et ne put achever.

Devant elle se tenait un grand échalas coiffé d’un bonnet de marin, avec un bandeau noir sur l’œil gauche. Il la toisait d’un air ravi, à croire qu’elle était un cadeau du ciel, orné d’un gros nœud sur lequel il lui tardait de tirer. Il avait de longs doigts maigres et se tenait tout de guingois, un peu comme la maison de tante Agrippine sur son piton. Violette baissa les yeux et eut tôt fait de comprendre : en guise de jambe gauche, l’homme avait une grosse jambe de bois ! Comme la plupart des unijambistes, il faisait porter tout son poids sur sa jambe valide, ce qui lui valait ce petit air de tour de Pise.

C’était la première jambe de bois que Violette voyait de sa vie, mais ce n’était pas ce spectacle qui la laissait sans voix. Non, ce qui la rendait muette était un détail familier, au contraire : cet œil luisant, affreusement luisant sous un sourcil sans fin…

Lorsque quelqu’un se déguise, on parle parfois de « déguisement transparent ». Ce n’est pas que ce quelqu’un soit enveloppé de papier cellophane ; non, c’est une façon de dire qu’on n’est pas dupe une minute. Face à ce pseudo-matelot unijambiste, Violette ne fut pas dupe une seconde : c’était le comte Olaf et nul autre.

Au même moment, tante Agrippine la rattrapa à grandes enjambées.

— Violette, voyons ! Que fais-tu dans cette allée ? Tous ces produits demandent à cuire, et tu sais très bien…

À la vue du comte Olaf, tante Agrippine se tut net. Un bref instant, Violette crut que leur tutrice avait compris à qui elle avait affaire. Mais tante Agrippine sourit aimablement, et tous les espoirs de Violette s’envolèrent – ou retombèrent, ce qui revient au même.

— Bonjour, mademoiselle, dit le comte à tante Agrippine avec son sourire crocodilien. J’étais en train de m’excuser pour avoir un peu bousculé votre jeune sœur.

Tante Agrippine vira au rouge vif jusqu’à la racine de ses cheveux gris et bredouilla d’une petite voix :

— Oh ! Violette n’est pas ma sœur, monsieur. Je suis sa tutrice légale. Et celle de ces deux petits, ajouta-t-elle comme Klaus et Prunille les rejoignaient, intrigués.

Le comte Olaf se frappa le front, la mine incrédule, à croire que tante Agrippine prétendait être la fée Dragée.

— Vous ? Tutrice ? Mais vous faites si jeune ! Je vous aurais prise pour l’aînée de ces enfants.

Tante Agrippine rougit de plus belle.

— Oh, c’est peut-être de vivre au bord de ce lac. J’ai vécu ici toute ma vie, voyez-vous. On m’a dit plus d’une fois que son air vivifiant me conservait jeune et fraîche.

Le comte souleva son couvre-chef.

— Enchanté de faire la connaissance d’une authentique Caldalaciymienne, dit-il en faisant sonner ce mot, tout fier de connaître le nom des habitants du lieu. Je suis arrivé depuis peu dans votre belle ville et, comme je m’y établis pour affaires, je serais ravi de m’y faire des amis. Permettez que je me présente…

— Permettez qu’on vous présente, Klaus et moi ! enchaîna Violette (avec un aplomb que personnellement je n’aurais pas eu, si je m’étais retrouvé nez à nez avec le comte Olaf). Tante Agrippine, le comt…

— Violette, enfin ! coupa tante Agrippine. Veille à ta grammaire, s’il te plaît. Tu ne dois pas dire : « Permettez qu’on vous présente », mais bien : « que nous vous présentions ». On est un pronom personnel indéfini. L’employer à la place de nous est un barbarisme.

— Mais tante Agri… voulut protester Violette.

— Allons, Veronica ! intervint le comte Olaf, son œil luisant posé sur elle. Ta tutrice a raison. Et, afin de t’éviter d’autres barbarismes, je me présente moi-même. Je suis le capitaine Sham, et je viens d’ouvrir sur le port une petite affaire de location de voiliers. Enchanté de faire votre connaissance, miss… Euh, miss comment ?

— Amberlu, répondit tante Agrippine. Agrippine Amberlu. Et je vous présente les enfants Baudelaire : Violette, Klaus et la petite Prunille.

— La petite Prunille, répéta le capitaine avec un sourire d’ogre. Ravi de faire votre connaissance. Peut-être aurai-je un jour le plaisir de vous emmener sur le lac pour un petit tour en bateau ?

— Djingo ! s’écria Prunille, ce qui signifiait en gros : « Plutôt manger de la terre, oui ! »

— Nous n’irons nulle part avec vous, confirma Klaus.

Tante Agrippine leur fit les gros yeux.

— Bonté divine, ces enfants ont perdu leurs manières, en plus de leur grammaire ! Klaus, Prunille, voulez-vous bien présenter vos excuses au capitaine Sham ! Et immédiatement, je vous prie.

— Ce n’est pas le capitaine Sham ! éclata Violette. C’est le comte Olaf.

Tante Agrippine eut un petit sursaut, et son regard voleta des enfants au capitaine. Le crocodile souriait toujours, mais son sourire avait un peu fléchi, le temps de voir si tante Agrippine allait déceler la supercherie.

Tante Agrippine, sourcils froncés, l’examina de la tête aux pieds.

— Oui, je sais, dit-elle, Mr Poe m’a mise en garde contre ce comte Olaf. Mais il m’a bien précisé, aussi, que vous aviez tendance à le voir partout.

— Si on le voit partout, expliqua Klaus d’un ton las, c’est qu’il est partout.

— Qui donc est ce comte Omar ? s’informa le capitaine Sham.

— Le comte Olaf, dit tante Agrippine, est un odieux personnage qui…

— … se tient à l’instant même en face de nous ! compléta Violette. Oh ! il peut bien se donner tous les noms qu’il voudra ! C’est toujours lui, pas de problème, avec ses petits yeux brillants brillants, ses sourcils soudés…

— Mais des quantités de gens présentent ces traits, fit valoir tante Agrippine. Ma belle-mère, tenez, par exemple… elle n’avait qu’un seul sourcil, et une seule oreille aussi.

— Le tatouage ! s’écria Klaus. C’est le tatouage qu’il faut regarder. Le comte Olaf a un œil tatoué sur la cheville gauche.

Le capitaine Sham poussa un long soupir et, non sans effort, souleva sa jambe de bois. Elle était en bois sombre, et si bien astiquée qu’elle brillait autant que son œil. Elle tenait à son genou par une espèce de charnière métallique.

— Cheville gauche ? dit-il avec des larmes dans la voix. La mienne a fini dans l’estomac des sangsues.

Les yeux de tante Agrippine s’embuèrent et elle posa une main sur l’épaule du matelot.

— Oh ! mon pauvre monsieur, murmura-t-elle (et les enfants comprirent aussitôt qu’ils avaient perdu la partie). Vous avez entendu, les enfants ?

Violette fit une dernière tentative :

— Ce n’est pas le capitaine Sham, c’est le…

Tante Agrippine l’interrompit.

— Allons, ma fille, un peu de jugeotte ! Tu n’imagines tout de même pas qu’il aurait donné sa jambe aux sangsues pour le plaisir de vous jouer un tour ? Racontez-nous, capitaine. Dites-nous comment c’est arrivé.

— Oh ! bêtement, dit le capitaine. J’étais assis dans mon bateau, le mois dernier, en train de déguster des pâtes à la puttanesca. J’ai fait tomber un peu de sauce sur ma jambe, et je n’ai pas eu le temps de dire ouf. Déjà les sangsues attaquaient.

— Quasiment ce qui est arrivé à mon défunt mari, dit tante Agrippine avec un sanglot dans la voix. Sauf que c’était de la sauce gribiche.

Les enfants serrèrent les poings. Cette histoire de puttanesca sonnait aussi faux que ce nom grotesque, « capitaine Sham ». Oui, mais comment le prouver ?

— Tenez, dit le capitaine, tendant à tante Agrippine un petit rectangle de bristol. Voici ma carte de visite. La prochaine fois que vous descendrez en ville, passez donc prendre une tasse de thé.

— Avec plaisir, dit tante Agrippine, et elle lut à voix haute : « Capitaine Sham. SHAM PLAISANCE, location de voiliers. Quel que soit votre rêve, nous le réalisons. » Oh ! capitaine, vous avez fait une grosse faute.

— Quoi ? fit le capitaine, le sourcil levé.

— « Quel que soit votre rêve. » Ça ne s’écrit pas comme ça. Il ne faut pas confondre quelque en un seul mot, adverbe, et quel que en deux mots, pronom. C’est une faute de grammaire courante, capitaine, mais qu’on ne saurait admettre.

Le capitaine se renfrogna. Un bref instant, il parut prêt à décocher à tante Agrippine un bon coup de sa jambe de bois. Puis il desserra les dents.

— Merci pour cette précieuse information, Miss Amberlu.

— Tout le plaisir est pour moi, capitaine. Venez, les enfants, il est temps d’achever notre petit marché. J’espère vous revoir très bientôt, capitaine.

Le capitaine Sham la salua d’un semblant de courbette et d’un large sourire, mais à peine eut-elle tourné le dos que les enfants virent le sourire se muer en rictus sardonique. Il l’avait flouée, roulée dans la farine, enjôlée, embobinée. Et que faire pour la détromper ? Elle flottait sur un petit nuage.

Sur le chemin du retour, tout au long de la grimpée jusqu’à la maison perchée, le poids des provisions (concombres, citrons, choux rouges) n’était rien, comparé au poids qui écrasait le cœur des enfants. Et, tout au long de la grimpée, tante Agrippine parla, parla de ce gentil capitaine Sham, de l’homme charmant qu’il était, du grand espoir qu’elle avait de le revoir très bientôt – tandis que les enfants songeaient, songeaient à cet infâme comte Olaf, au triste sire qu’il était, au mince espoir qu’ils avaient de ne plus le revoir jamais.

 

Ouragan sur le lac
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